Dans la nuit du 8 au 9 septembre 2020, il y a exactement un an, un incendie ravage le camp surpeuplé de Moria sur l'île Grecque de Lesbos. Du jour au lendemain, des milliers de demandeurs d'asile perdent le peu d’abri dont ils disposaient.
C'est une tragédie qui aurait pu être évitée, et dans un camp où vivaient 13.000 personnes - soit quatre fois sa capacité totale d'accueil - dans des conditions épouvantables, c'est un véritable miracle qu'il n'y ait pas eu de décès à déplorer.
C'était il y a un an. Et fondamentalement, rien n'a changé depuis.
Après l'incendie, un nouveau camp temporaire fut construit à Lesbos en urgence (celui de Kara Tepe), en l’attente d’une solution permanente. La Commission a déclaré vouloir mettre fin aux camps surpeuplés comme celui de Moria, et a promis une enveloppe de 276 millions d’euros pour construire cinq nouveaux camps ‘en dur’ sur Lesbos et quatre autre îles grecques.
Le centre de Lesbos devait être finalisé pour la fin du mois de septembre 2021, mais les constructions n’ont même pas encore commencé ! En attendant, les demandeurs d’asile ont passé l’hiver dans des tentes, dans un camp boueux tourmenté par les inondations.
Certes, les autorités grecques se félicitent d'avoir ‘régulé’ les arrivées et ont drastiquement réduit la population de demandeurs d'asile sur ses îles. Mais à quel prix ?
Un rapport récent d’Amnesty International dénonce les pratiques illégales et le climat d’impunité qui règne aux frontières de l’Union: refoulements illégaux vers la Turquie, violences et actes de torture, utilisation de canons à son pour faire fuir les migrants, arrestations et détentions arbitraires ; tous les moyens semblent bons pour les garde-côtes Grecs pour empêcher les demandeurs d’asile d’atteindre le territoire européen.
L’incendie de Moria aurait dû être un véritable coup de semonce pour l'Union Européenne et ses États membres, directement confrontés aux conséquences de leur politique migratoire catastrophique.
Trois semaines après la débâcle de Moria, la Commission européenne a présenté un nouveau Pacte pour la migration et l’asile, promettant une nouvelle approche de politique migratoire plus humaine et solidaire. Mais en refusant d’instaurer une réelle solidarité entre États membres en relocalisant les réfugiés sur base de quotas obligatoires, le Pacte proposé n’apporte en réalité aucune solution aux problèmes d’entassements aux frontières. Pire, il organise la solidarité entre États européens pour les expulsions.
La politique d’asile de l’Union européenne et de ses États Membres aujourd’hui, c’est avant tout de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’asile. La gestion de la crise afghane nous l’a encore démontré : la seule obsession des leaders européens est d’empêcher à tout prix que les réfugiés trouvent le chemin de l’Union Européenne, en renforçant la surveillance et la protection des frontières européennes et en priorisant l’accueil des réfugiés dans les pays limitrophes. Ce n’est plus une politique d’asile, c’est une politique d’indifférence assumée.
Ce n’est certainement pas le moment de baisser les bras dans le combat pour une politique migratoire plus humaine, digne et solidaire. Partout en Europe, des ONG, des communes et des villes continuent à organiser l’accueil des réfugiés et à sauver des vies en mer. Ce sont eux, et non les leaders européens, qui incarnent les valeurs de solidarité et de dignité humaine qui devraient guider notre politique migratoire.
Alors, comme il y a un an, nous continuons à clamer haut et fort, partout en Europe et au sein du Parlement européen: #NousAvonsDeLaPlace.
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