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Green Deal: se donner les moyens de nos ambitions climatiques

16/07/2021
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La commission européenne a publié ce mercredi son programme « Fit for 2030 » avec l’ambition de lancer le plus grand projet de mesures climatiques jamais prises par l'UE. Par ce biais, elle entend mettre l’Europe sur les rails pour réduire ses émissions CO2 de 52.5% d’ici 2030, comme l’exige la loi Climat votée il y a un mois. Douze propositions sont ainsi présentées (voire la liste ci-dessous [1]) pour réformer la législation européenne sur le climat et l’énergie, avec l’intention d’amorcer une réelle transition verte et sociale.

Côté positif, il faut notamment souligner l’introduction progressive d’une taxe sur le kérosène d’ici 2033, qui permettra d’appliquer enfin à l'aviation le principe pollueur-payeur. De même, la Commission envisage la suppression des moteurs à essence d’ici 2035. Bien que leur délais d’implémentation soit beaucoup trop long, ces deux nouvelles mesures - pour lesquelles les écologistes se battent depuis des années - sont un réel motif de satisfaction.

D’autres dispositions sont, par contre, plus problématiques qu’elles n’y paraissent à première vue. C’est le cas, par exemple, de la proposition de relever à 40% la part d'énergies renouvelables visée en 2030, contre un objectif actuel de 32%. A priori, rien à redire sur cet objectif... Sauf que la Commission reste silencieuse sur les sources et technologies renouvelables à privilégier pour l’atteindre. Nous craignons en effet que la biomasse, les biocarburants et l’hydrogène continuent à être promus en dépit de leur inefficacité et de leur caractère non durable

Autre point de contentieux : la Commission veut étendre le marché du carbone au transport routier et au chauffage des bâtiments. Une mesure à priori compréhensible, dans la mesure où le chauffage résidentiel constitue une source importante d’émissions de CO2 (environ 14% en Belgique). Néanmoins, elle aura inévitablement pour effet d’engendrer une hausse des prix du carburant à la pompe ainsi que des factures de chauffage des ménages. L’atténuation du changement climatique ne doit pourtant pas se faire au détriment de celles et ceux qui consomment le moins et qui ont le moins de ressource.

Pour les écologistes, d’autres mesures - qui n’ont pas d’effets négatifs sur le plan social - devraient dès lors être privilégiées dans cette perspective. À défaut, il faudrait au minimum qu’un soutien spécifique aux citoyens vulnérables et aux personnes en situation de précarité énergétique soit mis en œuvre, afin que le chauffage et le carburant restent abordables. Bien que mes collègues écologistes et moi-même ayons la ferme intention d’adopter les politiques climatiques les plus ambitieuses possibles, nous savons également que cela ne pourra se faire au détriment de la justice sociale.

Le paquet « Fit for 2030 » se heurte déjà à une vive opposition au sein du Parlement européen et des gouvernements. L’argument souvent avancé par ses détracteurs est qu'il est inutile de sauver le climat si nous ruinons nos économies en poursuivant cet objectif. Notre réponse est limpide: si la planète devient inhabitable pour l'homme, il n'y aura tout simplement pas d'économie (et pas d'humain pour en parler !). La pandémie nous a rappelé que l'économie doit servir la vie, et non l'inverse.

Plus que jamais nous aurons besoin de votre soutien pour que l’Europe se dote d’un arsenal législatif à la hauteur de l’urgence climatique. La pression citoyenne et les décisions politiques sont des alliés pour le changement, les deux branches d’une même tenaille qui doivent fonctionner ensemble pour faire pression sur ceux qui profitent du statu quo.

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[1] Parmis les 12 propositions:
• Révision du système d'échange de quotas d'émission (ETS) de l'UE pour inclure les bâtiments et les transports routiers ;
• Nouvel objectif climatique à l'horizon 2030 : produire 40% de notre énergie via les renouvelables ;
• Suppression progressive des moteurs à combustion d'ici 2035 (émissions des voitures neuves réduites de 55 % à partir de 2030 et de 100 % à partir de 2035) ;
• Création d’un Fonds social pour le climat. Son but est d’aider les citoyens à financer des investissements dans l'efficacité énergétique, de nouveaux systèmes de chauffage et de refroidissement et une mobilité plus propre ;
• Une nouvelle stratégie forestière ;
• Une taxe sur le kérosène ;
• Une taxe carbone sur les produits entrant dans l'UE ;
• Une révision du Règlement de Partage de l'Effort (ESR). Ce règlement impose des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre à chaque État Membre
• Une révision de la directive sur la taxation de l'énergie (DTE)

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