Chaque année, nous importons pour 50 milliards d'euros de produits issus du travail des enfants
Gopal (14 ans) a quitté sa famille avec son grand frère après que sa ville ait été confinée au Népal. Coincés à cinq dans une petite pièce, la situation était devenue invivable à la maison. Pour subvenir à ses besoins, il est forcé de travailler 12 heures par jour sur des chantiers de construction.
Encore au Népal, Gita (14 ans) a commencé à travailler dans une usine à tapis pour aider sa famille à s’en sortir durant la crise sanitaire. Avec la réouverture de son école, elle a réduit ses heures de travail de 18 à 13 heures par jour: 5 heures le matin et 8 heures après la fin des cours.
Au Ghana, Patience (14 ans) et ses huit frères et sœurs n'avaient plus accès aux repas scolaires gratuits durant le confinement. L’entreprise de pêche de ses parents ayant perdu sa clientèle, elle a estimé qu'elle n'avait pas d'autre choix que d'aller travailler.
Leurs histoires illustrent une conséquence sombre souvent oubliée de la pandémie du Covid-19 et des mesures prises pour y faire face, notamment dans les pays à faible revenu. La fermeture des écoles et les pertes d’emplois de nombreuses familles ont augmenté considérablement le nombre d’enfants au travail.
D’après l’OIT et Unicef, 160 millions d’enfants étaient obligés de travailler en 2020, 8,4 millions de plus qu’en 2016. Comme Gopal, Gita et Florence, neuf millions d’enfants risquent d’être poussés vers le travail en conséquence de la pandémie d’ici la fin 2022.
Le commerce européen contribue fortement au travail des enfants: une étude présentée vendredi dernier par ma collègue @Saskia Bricmont souligne que, chaque année, 50 milliards d’euros sont dépensés chaque année par les européen.ne.s dans des produits issus du travail des enfants, soit plus de 100€ par citoyen.ne.
Il est urgent que la Commission européenne prenne des mesures concrètes pour mettre en œuvre le principe de « tolérance zéro » à l’égard du travail des enfants. Certes, l’équilibre est parfois délicat: il faut s’assurer que les mesures améliore la situation économique des familles dont les enfants sont aujourd’hui forcés de travailler, mais éviter des mesures trop strictes qui risqueraient d’avoir l’effet inverse en poussant les enfants vers des activités plus informelles et dangereuses.
En ce sens, l’étude propose des pistes de solutions concrètes et différenciées par pays, comme par exemple l’interdiction d’importation ciblée de certains produits en cas de soupçon de recours au travail des enfants, ou encore le renforcement des conditionnalités sociales dans les accords de libre-échange.
Des solutions existent donc bel et bien, il n’y a plus d’excuse pour ne pas agir!
Pour plus d’infos, je vous invite à lire la carte blanche de Saskia Bricmont à ce sujet : https://www.levif.be/actualite/international/declarer-une-tolerance-zero-ne-suffit-pas-l-ue-importe-pour-50-milliards-de-produits-issus-du-travail-des-enfants-carte-blanche/article-opinion-1435957.html
Pour lire l'étude: https://tinyurl.com/childrenEUimports