Les multinationales se livrent à un véritable jeu du chat et de la souris avec les autorités fiscales : en 2016, ce sont près de 40% de leurs profits qui ont été transférés vers les paradis fiscaux. Les conséquences sont désastreuses pour les Etats, dont les pertes fiscales au niveau mondial se sont élevées à près de 200 milliards de dollars la même année. C’est ce que révèle une étude internationale, dont la carte interactive est présentée ci-dessous. Cliquez, ça vaut le détour !
Parmi les principaux paradis fiscaux, on retrouve évidemment les « usual suspects » des Caraïbes (Bahamas, Panama, îles Caïman, Bermudes) mais également plusieurs Etats membres de l’UE : l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, et (dans une moindre mesure) la Belgique. Mais surtout, ces mêmes pays-refuges européens ont engrangé 80% des transferts de bénéfices ayant échappés aux autres États membres de l’Union – les principaux « perdants » au niveau mondial – parmi lesquels se trouvent la France, l’Italie ou encore l’Allemagne.
A court terme, les gains des uns sont les pertes des autres. Mais, à long terme, c’est un jeu de dupes pour tout le monde et ce sont les citoyen.ne.s qui paient la facture.
S’il est évident qu’une meilleure coordination fiscale internationale permettrait de réduire drastiquement l’étendue du problème, il est indispensable d’obtenir un plus grand accès à l’information. En exigeant des multinationales qu’elles déclarent publiquement, dans chaque État où elles opèrent, des données financières relatives à leur activité*, on réduirait le « picorage » (la capacité des multinationales à choisir les taux les plus bas) et mettrait en lumière les pratiques illégales.
Et ça tombe bien, c’est précisément l’objet d’une directive européenne ! Le hic, c’est que le Parlement l’a adoptée en 2017 mais que 12 États membres bloquent son adoption au niveau européen.
La Belgique fait partie des bons élèves dans ce cas-ci mais les écologistes se mobilisent aux quatre coins de l’Union pour interpeller les gouvernements autrichien, chypriote, tchèque, allemand, hongrois, irlandais, luxembourgeois, letton, slovène, estonien, maltais et suédois qui refusent la transparence fiscale des multinationales. Les ministres se réuniront à Bruxelles le 28 novembre pour discuter de ce texte. Affaire à suivre, donc…
*Parmi les informations exigées se trouvent notamment : le chiffre d’affaire, le nombre d’employés, les bénéfices avant impôt, ou encore les taxes effectivement payées.
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