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Discours: de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins [vidéo]

14/05/2020
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Depuis trois mois, nos infirmières, médecins, aides soignantes, caissières, balayeurs, éboueurs, livreurs uber et deliveroo, depuis peu enseignant.e.s et j'en passe risquent leur vie pour assurer la continuité de la nôtre.

Depuis trois mois, les citoyens européens font preuve d’un énorme élan de solidarité: aide aux personnes âgées et isolées, dons alimentaires, confection de masques, garde d’enfants partagée, ... On ne compte plus les initiatives.

Depuis trois mois, nos concitoyens prennent leurs responsabilités. Mais ils s’impatientent et à raison.

Car pendant ce temps-là, que font les leaders européens ? Du sur-place. Nous aurions été en droit d’obtenir d’eux un message clair : nous sommes ensemble dans cette épreuve et c’est ensemble que nous en sortirons. Au lieu de cela, après quatre réunions, les chefs d’Etat et de gouvernement renâclent, procrastinent et s’enferment dans la logique du chacun pour soi.

Depuis plus de dix ans, la question de la solidarité est posée en termes moralisateurs, comme si l’Union Européenne était répartie en deux camps: celui des Etats-membres vertueux face à celui des Etats-membres pêcheurs.

Bien sûr, la gestion publique des gouvernements grecs, italiens ou espagnols n’a pas toujours été sans reproche. Mais ce sont les gouvernements néerlandais successifs qui se sont employés à mener une véritable guerre fiscale au reste de l’Europe. C’est le gouvernement allemand qui a défendu bec et ongles une industrie automobile qui trichait tous azimuts. Ce sont les autorités de supervision bancaire scandinaves qui ont laissé se développer les plus gros réseaux de blanchiment d’argent de la dernière décennie. Dans le même temps, la Grèce, l’Italie et l’Espagne prenaient bien plus que leur juste part de l’accueil des réfugiés en Europe, défendant ainsi les valeurs de l’Union.

Incontestablement, au sein de l’Union, chaque Etat-membre a des choses à se reprocher et chaque Etat-membre contribue à notre prospérité commune. Alors laissons derrière nous ces discours moralisants : ce qui est en jeu est la raison d’être même de l’Union Européenne, un projet lancé voici 70 ans avec pour pierre angulaire la solidarité.

Cette solidarité est motivée par notre intérêt commun. Celui d’assurer une prospérité durable à nos concitoyens, celui de retrouver la capacité de faire face aux défis planétaires de notre temps.

Aussi, il est de notre intérêt commun de concevoir, financer et exécuter ensemble notre stratégie de redéploiement économique. Et cela en suivant un principe simple : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». C’est par un emprunt commun que nous pourrons financer ce grand chantier et c’est par une justice fiscale européenne que nous pourrons le rembourser.

Le Parlement l’a bien compris : le redémarrage et la transition écologique de nos économies exige un sursaut communautaire. Si nous échouons à cette épreuve du feu, c’en sera fait de l’union monétaire et dans la foulée, de l’Union Européenne. Les citoyennes et citoyens européens ont largement fait leur part. A vous leaders européens de faire la vôtre. Si vous ne vous montrez pas à la hauteur de ce défi historique, qui pourrait vous le pardonner ?

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