Christine Lagarde à la tête de l'institution la plus puissante d'Europe
Elle est devenue l’institution la plus puissante d’Europe. Et pourtant, la Banque centrale européenne (BCE) est non élue et ne répond à aucun réel contrôle démocratique.
C´est dire si l´audition ce mercredi de sa future présidente*, Christine Lagarde, constituait le premier temps fort de la rentrée parlementaire.
Ce fut en effet pour moi, ainsi que pour mes collègues écologistes, l´occasion de mieux cerner sa vision de la politique monétaire et de la supervision financière.
Quels enseignements en ai-je tirés ?
Dans la catégorie des déceptions attendues, il y a tout d’abord la confirmation que Mme Lagarde demeure un apôtre de la doxa néolibérale. Dans le contexte politique actuel, quiconque aspire à être nommé à une haute fonction européenne se doit d´y adhérer.
En signe d´allégeance, Mme Lagarde a rappelé, durant son audition, l´impérieuse nécessité de « poursuivre les réformes structurelles », c´est-à-dire : d’approfondir la flexibilisation du marché du travail, la privatisation des services publics, et la baisse des impôts pour les entreprises et les hauts revenus. Soit, autant de mesures qui accroissent les inégalités dans nos sociétés et mettent les travailleurs en concurrence les uns avec les autres.
Christine Lagarde est également restée silencieuse sur la question de l´impact social de la politique monétaire menée par la BCE ces dernières années. Comme le souligne très justement l´économiste Frances Coppola dans le journal L'Écho du week-end dernier, les programmes d´achats d´actifs de la BCE ont conduit à une redistribution inversée : « ce sont surtout les riches qui ont profité de l’appréciation des actifs financiers alors que les bas revenus ont subi les restrictions budgétaires ».
Ceci étant, sous d´autres aspects, les déclarations de Mme Lagarde ont été encourageantes pour les verts européens. Tout d’abord, elle a affirmé son intention d´intégrer la lutte contre le changement climatique au sein des objectifs de la BCE. En particulier, elle a souhaité que la BCE élimine progressivement les titres financiers des entreprises polluantes qu’elle détient à la suite de ses programmes d´achats d´actifs. Deuxièmement, elle a rappelé que les banques centrales ne sont pas les seuls acteurs en ville et que certains États membres pourraient faire usage de leurs marges budgétaires pour soutenir l´activité économique. Par cette déclaration, la présidente désignée de la BCE vise explicitement des pays comme l´Allemagne et les Pays-Bas, chantres de l´orthodoxie budgétaire, qui se refusent encore et toujours à soutenir leur propre demande intérieure.
En conclusion, tout en s’inscrivant dans la continuité de son prédécesseur Mario Draghi, l’ancienne présidente du FMI a ouvert certaines perspectives prometteuses pour les écologistes. Mais ce constat ne doit certainement pas nous amener à baisser Lagarde.
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* Christine Lagarde devrait prendre ses fonctions le 1er novembre prochain.