Frontex, c'est cette agence de garde-frontières et de garde-côtes chargée de la "gestion" des frontières extérieures de l'Union européenne. Créée en 2004, elle a vu ses budgets et ses attributions exploser en 15 ans. De plus en plus autonome au point de vue opérationnel, dotée d'un véritable arsenal militaire, échappant largement à tout contrôle démocratique, elle est aujourd'hui plus que jamais le puissant bras armé des politiques migratoires répressives qui valent à l'Union son qualificatif d' "Europe forteresse".
Le Parlement européen a en effet entériné hier soir le résultat des négociations menées avec le Conseil et la Commission pour étendre encore le mandat et les ressources de Frontex. Ce nouveau règlement conduira à un accroissement sans précédent, et déséquilibré, du mandat et des ressources de Frontex et ce, à une période où les arrivées irrégulières par la mer ou par la terre ont fortement diminué en comparaison avec les années précédentes. Malgré le gonflement de Frontex – l'accord prévoit de recruter pas moins de 10 000 nouveaux garde-frontières à l'horizon 2027 ! - on ne constate aucun renforcement de la mission de recherche et sauvetage des personnes migrantes pour éviter les morts par noyade. C'est le Conseil qui a bloqué cette avancée pourtant demandée par le Parlement dans les négociations. Le même Conseil qui ne parvient pas à se mettre d'accord sur la si nécessaire réforme du système de Dublin... Il est manifestement plus simple de s'accorder sur la répression que sur la solidarité.
Une nouvelle fois, ce n'est hélas pas un scoop, on voit bien où est la priorité : pas de sauver des vies ou de protéger les droits humains, mais au contraire de maintenir le plus loin possible les personnes cherchant l'asile en Europe.
Pour les écologistes, c'est clair : Frontex doit impérativement se voir confier comme mission-clé des opérations de recherche et sauvetage. En outre, une telle agence ne peut exister et fonctionner sans une vraie transparence sur ses mandats, ses responsabilités et ses actions, sans un encadrement très strict au point de vue du respect des droits fondamentaux, et sans pouvoir être contrôlée par les instances démocratiques nationales et européennes.