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Pesticides / glyphosate : un vaste plagiat dénoncé

16/01/2019
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Toutes celles et tous ceux qui ont un jour eu à rendre un travail au cours de leurs études s'en souviendront : le plagiat, c'est non, sous peine de sévères sanctions.
 
Il faut croire que certains n'ont pas bien écouté à l'époque où ils étaient eux-mêmes sur les bancs. Un nouveau rapport dévoile en effet le recours intense au plagiat lors de la procédure de renouvellement de l'autorisation du glyphosate en 2017. Selon les experts engagés par plusieurs eurodéputés, dont mon collègue Bart Staes, l'organisme allemand chargé de piloter le processus qui a mené à la réautorisation a tout simplement copié-collé, dans sa propre évaluation sur la toxicité du glyphosate, des pans entiers d'analyses rédigées par Monsanto. Les experts à la base de ces révélations, Stefan Weber et Helmut Burtscher-Schaden, ont été parmi les premiers à lever le voile sur cette supercherie; aujourd'hui, ils évaluent la proportion du plagiat à 50 % ! Je considère qu'un tel vice rend caduque l'autorisation octroyée et devrait déclencher le retrait du glyphosate du marché, sans attendre une nouvelle procédure de renouvellement. Vous pouvez lire ce rapport ici : https://www.greens-efa.eu/…/298ff6ed5d6a686ec799e641082cdb6…
 
Une situation alarmante ? Certes, mais justement, le Parlement a voté ce midi des recommandations fortes pour mettre fin au manque de transparence dans ce type d'évaluation. J'en suis très fier, car c'est réellement le résultat d'une dynamique politique dont mon groupe a été le moteur – singulièrement à travers mes collègues Bart Staes et Michèle Rivasi qui ont travaillé sans compter pour parvenir à ce résultat, à contre-courant de l'industrie chimique qui a tenté jusqu'au bout de préserver ses intérêts commerciaux.
 
Le rapport voté ce midi vient clôturer les travaux de la commission parlementaire spéciale chargée d'évaluer le processus d'évaluation des pesticides par l'Union européenne – une commission justement mise sur pied l'an dernier après la réautorisation controversée du glyphosate. C'est un texte solide, qui renforce la transparence, l'indépendance et la qualité des études utilisées pour évaluer les pesticides, et remet au centre des préoccupations la protection de l'environnement, de la santé humaine et du vivant en général. Interdiction de l'utilisation de pesticides dans les espaces publics, réévaluation des études sur les effets cancérogènes du glyphosate que les députés estiment non élucidés, données statistiques obligatoires et publiques sur l'utilisation des pesticides dans les États membres, accès aux études dans leur intégralité, indépendance des organismes chargés de l’évaluation des substances, financement de la recherche indépendante, ... Autant de recommandations appuyées par une large majorité du Parlement européen et qui permettent de remédier aux failles de la procédure d’évaluation et d’autorisation des pesticides au sein de l’UE.
 
Nous attendons maintenant de la Commission qu'elle s'empare des propositions du Parlement et qu'elle redouble de vigilance face à une industrie qui manipule l'information qu'elle sert aux agences. Fini les études bidonnées, nous voulons que les agences européennes soient réhabilitées et que les scientifiques aient les moyens d'accomplir un travail indépendant, afin que l'industrie ne soit plus en mesure d'interférer dans les procédures qui la concernent. Vous pouvez lire ici l'article que le Monde a consacré à ce scandale.

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