Fusion Monsanto/ Bayer : risquée et problématique selon la Commission
En septembre 2016, le géant agro-chimique allemand Bayer annonçait son intention de racheter son concurrent américain Monsanto (propriétaire du Roundup et de la seule plante OGM actuellement autorisée à la culture en UE). La nouvelle avait causé une vague d'opposition parmi les citoyens et la société civile : en effet, cette fusion déboucherait sur la création d'une entreprise agrochimique gigantesque dominant 24% du marché des pesticides et 29% du marché des semences mondiales.
Quelques mois plus tard, les deux entreprises s'étaient entendues sur le rachat. Mais cette opération devait nécessairement être validée sous l'angle de la concurrence par la Commission européenne. Et c'est là que cela se corse : dans l'avis préliminaire qu'elle vient de publier sur la question, la Commission identifie de très nombreux risques et problèmes associés à ce projet de fusion et a décidé d'ouvrir une enquête approfondie sur le sujet.
Elle souligne par exemple que le projet "entraînerait la création de la plus importante entreprise intégrée du monde dans les secteurs des pesticides et des semences", et que cette opération "aurait lieu dans des branches d'activités déjà concentrées au niveau mondial". La Commission indique craindre à titre préliminaire que "le projet d'acquisition ne réduise la concurrence sur un certain nombre de marchés différents et n'entraîne ainsi une hausse des prix, une baisse de la qualité, une réduction du choix et un recul de l'innovation".
L'avis préliminaire de la Commission indique clairement qu'elle partage les inquiétudes déjà exprimées par les Verts, de nombreuses ONG et des centaines de milliers de citoyens concernant la concentration sur le marché des semences et des pesticides. On s'étonne dès lors que cela ne l'ait pas poussée à s'opposer d'emblée à la fusion. Nous sommes convaincus que rendre l'agrobusiness encore plus puissant sera très nuisible pour les fermiers européens, qui sont déjà sous pression entre des prix trop faibles pour leurs produits et des coûts de production grandissants. L'Union européenne doit protéger ses fermiers et améliorer leur situation en encourageant plus d'autonomie et d'indépendance dans la production. Cette fusion mettrait encore davantage en péril la survie des fermiers en Europe.
Une seule solution s'impose: la Commission doit suivre la logique de son propre avis et refuser de valider cette fusion.
Image à la Une: Paul Morris sur Unsplash