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Brexit : le décompte a commencé

29/03/2017
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C'est aujourd'hui que Theresa May, première ministre britannique, a notifié à l'Union Européenne l'intention du Royaume Uni de quitter l'Union. Ceci ouvre la période de deux ans au cours de laquelle les négociations de divorce doivent aboutir; faute d'accord, le départ du Royaume Uni sera effectif au 29 mars 2019. Les six eurodéputés britanniques de mon groupe (trois anglais-e-s, deux écossais et une galloise) avaient tou-te-s fait ardemment campagne pour que leur pays reste au sein de l'UE. Leur déception – qui est aussi la nôtre – face au résultat du référendum est de taille. Il va falloir à présent engager les négociations à la fois sur le divorce proprement dit, puis sur la relation future entre les 27 et le Royaume Uni, et sur les dispositions transitoires entre les deux statuts. A notre sens, il faut éviter à la fois tout revanchisme et toute naïveté: UE et UK sont mutuellement interdépendants et resteront de toute manière unis par la géographie. Notre priorité dans la négociation – je ferai partie du groupe de contact du Parlement, autour de Guy Verhofstadt – sera d'assurer la protection des droits de citoyen-ne-s britanniques établis sur le territoire de l'UE et Européens sur le territoire britannique. Nous serons aussi attentifs à ce que les menaces proférées par certains dirigeants britanniques de transformer leur pays en plateforme de dumping fiscal et social aux portes de l'UE ne soient pas mises à exécution.

Theresa May a choisi d'interpréter le résultat du référendum de la manière la plus extrême, choisissant un "hard brexit": pas de libre circulation, pas de participation au marché unique, refus de la juridiction de la Cour de Justice de l'UE... Tenant compte de la marge limitée de la victoire du camp du Brexit et du fait que l’Écosse et l'Irlande du Nord avaient majoritairement voté pour le "Remain", elle aurait pu faire un choix plus modéré – visant un statut analogue à celui de la Norvège ou de la Suisse. Qui sait, la perspective d'un nouveau référendum d'indépendance en Écosse et les difficultés particulières posées par l'établissement d'une frontière "dure" entre les deux parties de l'Irlande, en contradiction avec les accords de paix dits du vendredi saint, pourraient l'amener à revoir sa position. La dislocation du Royaume Uni et la remise en cause de la paix en Irlande peuvent légitimement être considérés comme un prix trop élevé à payer pour un "hard brexit". On dit souvent en Belgique qu'en politique, une semaine est une éternité; que dire alors de deux ans! Bien malin qui peut prédire comment cette histoire se terminera.

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