La Commission européenne a présenté aujourd’hui une série de propositions censées aider l’UE à traverser la tourmente de la crise.
Si Ecolo plaide de longue date pour une coordination économique plus poussée et doublée d’une intégration politique européenne accrue, les écologistes refusent l’éviction des parlements nationaux et la logique du consensus de Washington - Rond Point Schuman qui consiste à vider de leur sens les principes démocratiques au cœur de nos régimes politiques. A suivre la Commission, l’orientation politique sera toujours la même quelle que soit l’issue des élections et c’est évidemment totalement inadmissible sur un plan démocratique.
Ecolo conteste fermement les orientations budgétaires choisies. Aveuglée par ses certitudes idéologiques, la Commission n’a pas tiré les leçons de la politique imposée à la Grèce, qui a plombé l’économie réelle, est la cause de désastres sociaux et a sapé par conséquent les fondements d’un assainissement durable des finances publiques. Qui peut penser que les mêmes recettes ailleurs ne vont pas entraîner les mêmes effets ?
Deux de ces propositions visent à compléter la gouvernance économique européenne en imposant aux pays recevant une aide financière quelconque des programmes d’ajustement macroéconomiques, lesquels rappellent les fameux plans du FMI, dont on a constaté précédemment les ravages. Les budgets nationaux devraient ainsi passer sous les fourches caudines de la technocratie européenne avant de pouvoir être adopté par les Parlements nationaux.
Par ailleurs, Ecolo s’étonne que les euro-obligations ne fassent l’objet que d’un document de consultation et non d’une proposition législative, alors qu’une écrasante majorité d’experts et d’observateurs reconnaît que leur utilisation ou une intervention plus volontariste de la Banque Centrale Européenne sont indispensables pour résoudre la crise de la dette souveraine, qui menace les fondements économiques et sociaux de plusieurs pays d’Europe. Cette approche du deux poids deux mesures est préoccupante.
Enfin, Ecolo note que la Commission arrête également d’autres priorités qui, paradoxalement, contredisent l’orientation générale d’austérité adoptée. La Commission incite en effet les gouvernements des Etats Membres à :
tenir compte des effets redistributifs des réformes qu’ils mènent ; préserver les investissements publics liés à l’éducation, la recherche et l’innovation ou encore l’énergie ; éliminer les subsides qui nuisent à l’environnement et à mener une fiscalité verte pour soulager l’imposition sur les (bas) revenus, tout en prenant des mesures compensatoires pour les personnes les plus vulnérables ; financer la transition écologique par les revenus de la mise aux enchères des permis de polluer et de l’attribution des fréquences sur le spectre ; garantir l’accès au crédit, en particulier pour les PME, lors de la consolidation du secteur financier et à limiter les bonus et rémunérations dans les banques bénéficiant d’un soutien public ; miser sur une utilisation plus parcimonieuse des ressources, énergétique et non-énergétique et sur les principes des économies zéro déchet comme nouvelle source de compétitivité et d’emplois prendre des initiatives pour soutenir les emplois verts, les secteurs sociaux et de la santé ainsi que l’économie numérique.
Contrairement aux orientations budgétaires aveugles de la Commission, ces priorités portent en elles les germes de choix politiques davantage porteurs d’espoir, de cohésion sociale et de réorientation de l’économie européenne.
Si certains partis impliqués dans la négociation fédérale devaient à nouveau, à la sauvette, chercher auprès de l’Europe des arguments pour justifier a posteriori leur positionnement, Ecolo les invite à prendre alors en compte l’ensemble des propositions de la Commission européenne lorsqu’ils boucleront leurs travaux budgétaires, afin d’éviter à tout le moins toute malhonnêteté intellectuelle.