C'est confirmé : l'ancien député et président du parti vert autrichien Alexander Van der Bellen a été élu de justesse président de la république. Le décompte des votes par correspondance a inversé le rapport de forces avec son concurrent d'extrême droite Norbert Hofer.
La victoire d'Alexander Van der Bellen est d'autant plus heureuse qu'elle était loin d'aller de soi. La qualification pour le second tour d'un candidat écologiste relevait déjà de l'exploit, au détriment de ceux des partis traditionnels chrétien-démocrate et social-démocrate, relégués en quatrième et cinquième places. Son élection confirme l'exploit, d'autant que ces partis traditionnels s'étaient abstenus de toute consigne de vote : en clair, pour eux il était aussi inacceptable (ou aussi acceptable) de voter pour un candidat d'extrême droite que pour un écologiste. Cela en dit long sur la confusion idéologique dans laquelle sont tombés ces partis, lesquels se sont de plus en plus laissés dicter leur agenda par l'extrême droite.
Au-delà du soulagement, le fait qu'au cœur même de l'Europe, trois quarts de siècle après la fin de la deuxième guerre mondiale, quasi 50% des citoyens fassent le choix d'un parti d'extrême droite ne peut que nous inquiéter, d'autant que sans atteindre ce niveau, les alliés déclarés ou objectifs du FPÖ de Norbert Hofer et Heinz-Christian Strache progressent partout en Europe.
Cet affrontement au sommet entre un projet de société écologiste, foncièrement démocratique, fondé sur l'espoir, tourné vers l'avenir et un projet de société d'extrême-droite fondé sur la peur et prônant le repli sur soi, préfigure le choix auquel sont confrontés celles et ceux qui rejettent les partis traditionnels. Des partis qui, les uns après les autres, ont rejoint le consensus de la pensée unique néo-libérale et évacué le projet politique de réalisation d'une démocratie européenne transnationale. Aux écologistes européens à présent d'être à la hauteur de leurs collègues autrichiens et d'incarner l'alternative à la fois crédible et désirable pour une société plus juste, plus durable et démocratique.