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Investir dans les industries du 21e siècle, pas dans celles du 19e!

24/11/2010
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Je suis intervenu en session plénière ce mardi 23 novembre pour exprimer pourquoi le groupe des Verts/ALE a voté contre le texte du Parlement visant à prolonger l'autorisation de subventions aux mines de charbon non-compétitives. Cessons d'investir dans les industrie du 19e... par Plamberts Quelques éléments de contexte: Le 20 juillet dernier, la Commission européenne a adopté une proposition de règlement sur les aides d’État visant à faciliter la fermeture des mines de charbon non compétitives. Ce texte prévoyait, entre autres, que seules les aides d'Etat permettant d'assurer une transition sociale et environnementale juste seraient autorisées, et que les mines de charbon non-compétitives devaient être définitivement fermées. Ce texte a été ensuite présenté au Parlement européen au sein de deux commissions parlementaires; la première chargée des affaires économiques et sociales, et la deuxième chargé de l'industrie et l'énergie. Les députés européens verts ont critiqué le résultat des votes au sein de ces deux commissions clés, qui appelaient à une prolongation de l'actuel régime de subsides aux mines de charbon (qui est déjà une exception aux règles d'aides d'Etat de l'UE) au delà de la période proposée par la Commission; les aides seraient maintenues jusqu'à 2018 au lieu de 2014. Le 23 novembre, ce texte a été voté par une large majorité au sein du Parlement européen, qui, pour reprendre l'expression de mon collègue français d'Europe Ecologie Yannick Jadot, a été pris en otage par le lobby du charbon. La pression est forte pour une relance du charbon en Europe, à coup de milliards d'euros d’argent public (...)". En plénière, j'ai donc dénoncé ce vote, qui me paraît en pleine contradiction avec les intérêts économiques, énergétiques et climatiques de l'UE. Il ne s'agit pas de s'opposer aux aides publiques en tant que telles, les Verts n'y voient aucune objection, mais plutôt de s'assurer que l'argent investi devienne le catalyseur de la transition que notre société, notre industrie et notre économie doivent traverser pour devenir plus justes mais surtout plus durables. En maintenant sous perfusion une industrie qui n'est ni soutenable sur le plan économique (sinon elle n'aurait pas besoin de subsides), ni sur le plan environnemental, ces aides d'Etat aux mines de charbon, non-compétitives rappelons-le, vont à l'encontre de cet objectif global de transition. Cela fait déjà plusieurs décennies que l'industrie du charbon se bat pour obtenir une prolongation de ces aides, sans que la fin ne soit en vue. Cela fait également plusieurs décennies que de nombreux états européens ont fait l'effort de mettre fin à une industrie qui n'est pas soutenable. C'est le cas de la Belgique et de la France, et de beaucoup d'autres. Dans ce contexte, il était donc logique de voter contre le texte du Parlement, faisant foi de notre soutien à la proposition initiale de la Commission, qui avait prévu des aides permettant une re-conversion décente et digne des travailleurs concernés. Tant que l'Union européenne et ses Etats membres soutiendront les industries du passé avec de l'argent public, qui, comme nous le rappelle la crise irlandaise, est devenu quelque chose d'extrêmement rare, nous ne mettrons pas l'Europe dans une position lui permettant de conquérir le leadership dans les industries du 21e siècle. Et pendant ce temps-là, le monde est train de bouger, et de bouger vite. A présent, reste à espérer que la proposition originale de la Commission soit maintenue. A cette fin, il serait en effet souhaitable que les commissaires européens remplissent leur rôle de membres d'un collège défendant l'intérêt commun, et non de syndic de certains intérêts nationaux, tel que l'a montré récemment le Commissaire allemand Oettinger en charge de l'Energie. Pour visionner la vidéo de mon intervention, allez sur: http://www.europarl.europa.eu/wps-europarl-internet/frd/vod/player?date=20101123&language=fr Bureau De Philippe Lamberts

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