Socio-éco
04/06/2024
Interview parue dans le journal L'Echo, le 10 février 2010.
Vous avez voté contre la Commission Barroso II. Pourquoi ?Nous sommes tous sortis du cycle des auditions avec le sentiment que la plupart des commissaires manquaient de vision. Ils n’ont pas une perception très aiguë des défis qui attendent l’Union européenne. Deuxièmement, la plupart d’entre eux –mais pas tous- n’avaient pas dit grand-chose. Pour nous, ce n’est pas une équipe forte, susceptible de conférer un leadership aux politiques européennes, leadership dont l’UE a besoin pour faire face aux multiples crises actuelles. Il ne faut cependant pas caricaturer : il ne s’agit pas d’une bande d’incapables. Mais il y a un réel problème d’ambition politique. Avec un Conseil qui reste en quelque sorte le syndicat des intérêts nationaux, il faut une Commission suffisamment forte pour replacer l’Union européenne sur la carte du monde.
Vous ne mettez pas tous les commissaires sur le même plan ?
Nous allons devoir travailler avec tous les nouveaux commissaires, mais un commissaire ne vaut pas l’autre. Si l’ensemble de l’équipe n’est pas à la hauteur, cela n’exclut pas qu’il y ait certaines individualités, comme la commissaire danoise, Connie Hedegaard. Parmi les sept ou huit que j’ai pu voir durant les auditions, c’est la seule qui a réellement défendu une vision et qui a n’a pas hésité à se positionner personnellement sur une série de sujets, comme le changement climatique. Michel Barnier, au marché intérieur, nous a dit qu’il voulait une régulation forte des marchés financiers. On va le prendre au mot.
Quelle évaluation faites-vous de la procédure des auditions ?
On ne peut pas voter individuellement, sur la compétence des gens, mais sur une équipe au complet. Donc, c’est une procédure politique et il ne faut donc pas s’étonner si nous, les Verts, nous en faisons un vote politique. Pendant la Convention sur l’avenir de l’UE, nous avions proposé que chaque pays propose plusieurs candidats commissaires, et ensuite, qu’il y ait une approbation des commissaires poste par poste. Ici, on a prêté à Barroso le fait d’avoir demandé à ses commissaires de se taire dans tous les langues et de ne pas trop en raconter. Je ne sais pas si c’est exact, mais le fait est que beaucoup d’entre eux se sont comportés en ce sens.
Vous attendez la Commission sur quels sujets ?
Surtout sur ce qu’on appelle la "stratégie 2020", c’est-à-dire la suite de l’Agenda de Lisbonne. C’est la première occasion politique de mettre l’Europe sur la voie d’un "Green new Deal". Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut mettre nos sociétés développées sur la voie d’un mode développement différent. Pour nous, il faudra établir des critères contraignants, comme cela a été fait pour l’euro. L
O.G.
Bureau De Philippe Lamberts
TAGS
D'autres articles peuvent vous intéresser