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Règlementation automobile: le Parlement européen délivre un véritable permis de polluer!

08/02/2016
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Mercredi 3 février 2016, séance plénière du Parlement européen à Strasbourg

Une majorité du Parlement a décidé d'approuver un acte technique par lequel les représentants des Etats-membres ont décidé, en plein Dieselgate, d'octroyer un véritable permis de tricher à l'industrie automobile. On sait à quel point les tests de certification des automobiles sont aujourd'hui encore réalisés en laboratoire sur des véhicules optimisés, et fournissent donc des résultats totalement déconnectés du réel (même sans tricherie logicielle). Aussi avons-nous décidé qu'à partir de 2017, les tests seraient réalisés en conditions normales de conduite (tests RDE pour "Real Driving Emissions").

En substance, il s'agit de permettre aux mesures de dépasser les plafonds autorisés par la loi européenne. C'est comme si, alors que la limite de vitesse sur autoroute est fixée à 120 km/h, on n'était verbalisé qu'à partir de ... 252 km/h jusqu'en 2021 puis de 180 km/h ensuite. L'acte technique qui a été adopté aujourd'hui modifie en substance les éléments essentiels de la législation européennes. Or, les actes techniques ne sont censés que déterminer la manière dont la législation européenne doit s'appliquer. C'est pour cette raison que nous nous y sommes opposés; et nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à le considérer tout simplement comme illégal. C'est avis est partagé par le service juridique du Parlement et endossé encore lundi dernier par sa commission des affaires juridiques. Malgré tout cela, une majorité de députés a décidé de se soumettre au lobbying intense de l'industrie automobile, agitant le spectre de la perte de compétitivité et d'emplois. En réalité, se soumettre dès 2017 aux normes signifierait des investissements massifs (dont l'Europe a tant besoin) en recherche et innovation, lesquels obèreraient les profits à court terme, seul paramètre déterminant pour les géants de l'automobile.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse publié par le Groupe des Verts/ALE, à l'issue de ce vote.

Pollution de l'air: règlementation du secteur automobile

Le parlement se soumet à l'acte illégal de la Commission européenne et des États

Le Parlement européen s'est prononcé sur l'objection à une mesure d'exécution (comitologie) adoptée le 28 octobre 2015 par le comité technique TCMV (Technical Committee – Motor Vehicles) composé d'experts des États membres et de représentants de la Commission. Cette décision introduit des « facteurs de conformité » pour les tests en conditions réelles censés débuter cette année en vertu de la décision prise avant que n'éclate le scandale Volkswagen, à savoir en mai 2015. La Commission européenne a gelé jusqu'ici la publication au journal officiel de la décision de Mai 2015 permettant son entrée en vigueur pour que débutent les tests en conditions réelles - qui n'abolissent pas pour autant les tests controversés en laboratoire.

Aujourd'hui, le parlement européen s'est donc plié à la décision du 28 octobre qui accorde aux constructeurs automobiles le droit de dépasser les normes Euro 6 d'émission de NOx (80 mg/km depuis septembre 2015) de 110 % à partir de septembre 2017, et de 50 % à partir de janvier 2020.

Réaction de Karima DELLI, membre Verts-ALE de la commission Transports et  de la commission d'enquête sur les infractions à la législation relative aux émissions polluantes du secteur automobile: « Le vote d’aujourd’hui est une faute politique et une occasion manquée pour le Parlement de mettre son véto à une décision à la fois illégale et anti-démocratique. Il est intolérable de savoir qu'après le scandale Volkswagen, les États-membres et le Commission aient cédé aux sirènes de l’industrie automobile en lui permettant de dépasser les normes européennes anti-pollution. Il est encore plus grave que le Parlement se déclare officiellement complice de cette supercherie en donnant son aval pour contourner une législation qu’il a lui -même contribué à mettre sur pied. Une fois de plus les conservateurs européens, soutenus en partie par les libéraux, sapent la crédibilité des institutions européennes en manquant  à notre mission de protéger les citoyens des méfaits du diesel sur la santé.

La mobilisation de Maires de capitales et grandes villes européennes comme Paris, Madrid et Milan montre bien que cette question engage tout le monde: les élus locaux sont les premiers à gérer les ravages de la pollution de l'air, ce fléau qui cause plus de 400 000 morts prématurées par an et coûte des milliards d’euros à l’Union européenne chaque année. Reste désormais à savoir ce que feront les États de ce vote. Au lendemain de l’accord du 28 octobre, Madame Royal a vertement critiqué cette décision et s’est engagée "à remettre les choses au carré » contredisant la position officielle de ses services. Nous attendons d’elle qu’elle tienne parole et qu’elle revienne sur cette décision. Parallèlement, nous étudierons les moyens de saisir la Cour européenne de Justice pour non-respect des normes. »

Réaction de Michèle RIVASI, membre Verts-ALE de la commission environnement et santé publique: "Je suis choquée par ce vote du parlement européen. Les constructeurs européens ont déjà eu presque 10 ans pour s'adapter aux nouvelles normes en matière d'émission d'oxydes d'azote (NOx) puisque le Parlement les avait votées en 2007. Ils n'ont donc plus d'excuse et le parlement aurait dû être intraitable vis-à-vis des constructeurs qui, contrairement à d'autres, n'ont pas investi dans des technologies performantes et pour des emplois durables. La décision de la Commission en comitologie violait clairement la loi européenne en autorisant les constructeurs à dépasser jusqu'en 2020 de plus de deux fois les seuils fixés par la législation pour le NOx Nous les écologistes voulons éviter à nos concitoyens et concitoyennes des problèmes respiratoires plutôt que de chouchouter les actionnaires des constructeurs automobiles comme vient de le décider la majorité du parlement. " * La Commission de environnement et santé publique du Parlement européen a introduit et voté l'objection à la décision de Comitologie du 28 octobre. Ce lundi 1 février, la  Commission des affaires juridiques du Parlement européen a confirmé l'avis des services juridiques du Parlement européen estimant illégale la décision du 28 octobre. Pour invalider cette décision, le parlement européen devait objecter à la majorité absolue. Résultat définitif : 317/323/61  

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