Communiqué de presse - 01.02.2013. Suite aux drames sociaux qui continuent de frapper la sidérurgie liégeoise et bien au-delà en raison des emplois indirects touchés, Philippe Lamberts, eurodéputé Ecolo, a demandé au Commissaire Almunia qui est en charge de la concurrence de se pencher sur le dossier ArcelorMittal-Liège.
En effet, consécutivement à la publication du rapport Laplace Conseil et à l'annonce de la fermeture de 7 lignes de la phase à froid, Ecolo a de forts soupçons que le groupe ne respecte pas les règles de la concurrence édictées par l'UE.
Le rapport Laplace Conseil avait conclu que, au-delà de toutes considérations économiques, le site de Liège avait été sacrifié afin de privilégier les sites concurrents de Gand, Brême et Dunkerque. Par ailleurs, étant donnée l'influence du groupe sur le marché de l'acier, la contraction de l'activité à Liège permettait de soutenir artificiellement les prix en réduisant la production au détriment des secteurs en aval, ce qui contribuait à résorber son endettement. Le groupe avait creusé cet endettement par une stratégie erronée creusé par une l'achat à prix fort de mines (de mauvaise qualité) au cours des dernières années.
Par ailleurs, la fermeture de 7 lignes de la phase à froid qui ajoutera aux quelques 800 travailleurs déjà condamnés par la fin du chaud quelque 1300 destruction d'emplois directs, et partant, 3.000 à 4.000 emplois indirects ne cesse de poser question même si l'annonce par Mittal d'investir 138 millions sur quelques segments bien précis du froid pouvait laisser entendre que le froid n'en sortirait pas indemne.
Néanmoins, l'ampleur de la restructuration annoncée est d'autant plus surprenante que certaines des lignes en question étaient considérées par le groupe lui-même comme étant à la pointe de la technologie.
Ainsi, la question soulevée par Ecolo est celle d'un non-respect des règles de la concurrence par ArcelorMittal qui "limiter[ait] la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des consommateurs", ce qui est considéré comme une pratique abusive et donc interdite par le Traité (article 102).
Dans l'hypothèse où la Commission devait confirmer notre constat, le groupe ArcelorMittal s'exposerait à une amende pouvant atteindre jusque 10 % de son chiffre d'affaires (qui s'élevait à quelque 71 milliards de dollars en 2011), ce qui pourrait le dissuader de mener ses plans à exécution et l'amener à revoir ses positions.
Une réponse de la Commission est attendue d'ici le début du mois de mars.
Pour en savoir plus, retrouvez:
- La question orale que j'ai adressée au Commissaire Almunia Mon passage: 31012013 QP Almunia ArcelorMittal art102
- Mon passage sur le JT de la RTBF ce vendredi 01 février 2013:
- Et enfin, retrouvez l'intégralité de mon intervention en séance plénière de Strasbourg (ce lundi 4 février) sur le même sujet:
Les drames humains qui se jouent en ce moment de Liège à Florange en passant par Amiens sont-ils le résultat d'une absence de politique industrielle? Ou plutôt d'une politique industrielle dévoyée? En quoi a consisté jusqu'ici la politique industrielle en Europe? En bref à faire des cadeaux fiscaux ou règlementaires, en assouplissant les normes sociales et environnementales. Des cadeaux offerts sans conditions à des entreprises qui nous font à chaque coup le chantage à la délocalisation. Mais plus fondamentalement, la politique industrielle européenne a consisté à favoriser une industrie, celle de la finance. Pensant que la finance deviendrait le nouveau moteur de notre économie, on a dérégulé à tour de bras. En affranchissant la finance du monde réel, on lui a grand ouvert les portes du casino, un casino où pile je gagne, face l'Etat paie. Fini le temps des profits durement gagnés à force d'innovation et de travail, au risque de l'investissement à long-terme; le temps de l'argent facile - pour quelques uns - est venu. Et les rendements fous de la haute finance ont donné le ton : dans l'économie réelle, il faut fournir à des actionnaires de plus en plus gourmands et de moins en moins patients des profits en réalité incompatibles avec une économie de marché concurrentielle et durable. Les uns après les autres, de grands groupes industriels sont tombés sous la coupe de financiers dont Lakshmi Mittal est sans doute l'exemple le plus criant. Aujourd'hui, c'est cela que paient les hommes et les femmes de l'automobile et de la sidérurgie européennes.
Mais alors, que faire?
La priorité absolue est de fermer les portes du casino financier et à ramener la finance à son rôle de soutien de l'économie réelle. A l'heure où la détermination de certains semble fléchir, nous devons au contraire redoubler nos efforts. Il est temps aussi d'investir pour mettre l'Europe à la pointe de la transformation écologique de notre économie : c'est en innovant pour devenir la championne de l'efficacité énergétique et en ressources que l'Europe assurera au mieux l'avenir de son industrie, la vraie. Enfin, il faut sortir de la logique d'accords de libre échange visant uniquement le commerce au prix du nivellement par le bas des normes sociales et environnementales.
Chers collègues, à l'heure où nous nous parlons, un citoyen européen sur quatre est sous le seuil de pauvreté. Que ceci nous rappelle l'urgence d'un changement de cap.