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Rencontre avec Angel Gurria (OCDE): une voix à écouter plus attentivement?

11/04/2012
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Le coup de coeur de la semaine : lundi 26 mars 2012, nous recevions en commission économique et monétaire Angel Gurria, le mexicain qui préside l'OCDE. Cette organisation, qui regroupe les pays dits "développés" nous a habitués à ses refrains en faveur des "réformes structurelles" (entendez : flexibilisation du travail, allongement de la carrière etc...). En décembre dernier, elle attira notre attention par son rapport "Toujours plus d'inégalités" (www.oecd.org/els/social/inegalite) un sujet plutôt tabou au sein des grandes institutions internationales. Et le 15 mars, elle nous rappelait dans un autre rapport les conséquences de l'inaction contre le changement climatique (http://www.oecd.org/document/15/0,3746,fr_2649_37465_49673487_1_1_1_37465,00.html). Ces deux rapports me rendaient curieux d'entendre Angel Gurria; il ne m'a pas déçu : ce fut un moment de rafraîchissante candeur, une heure au cours de laquelle la langue de bois semblait n'avoir plus cours. En réponse à mon interpellation, Gurria s'insurge contre le fait que le problème des inégalités n'est considéré au mieux que comme un problème résiduel, qui se résoudra de lui même si on règle ceux de la croissance ou du chômage alors qu'il s'agit d'un enjeu absolument crucial. De même, il nous rappelle que nous sommes sur une trajectoire de collision avec la nature et que toute action menée aujourd'hui pour lutter contre le changement climatique côutera moins cher que subir les conséquences de celui-ci à l'avenir. Enfin, sur la régulation bancaire, il insiste sur l'exigence de limiter l'endettement des banques par un plafond à l'effet de levier, une mesure combattue avec la dernière des énergies par les grands du secteur (BNP-Paribas, SocGen, Deutsche Bank, Barclays...), défendus par leurs chefs d'Etat respectifs. Des vérités évidentes, dérangeantes pour certains sans doute, qu'il fait dès lors bon de rappeler.

Cerise sur le gâteau, Gurria reviendra plus tard sur ce qu'il appellera à deux reprises le péché originel de la Troïka (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International) dans le traitement de la crise grecque. Il n'aura pas de mots assez durs pour dénoncer le déni de réalité obstiné par lequel ils ont refusé de reconnaître que jamais la Grèce ne pourrait intégralement rembourser sa dette et retardé de deux ans sa restructuration. Un peu emporté par son propos sans doute, Gurria chiffre l'impact de ce déni - en termes d'incertitudes sur les marchés et dans l'économie réelle, en termes de pertes d'emploi,...- à 10 fois le coût de la restructuration elle-même, finalement intervenue voici quelques semaines. Si le chiffre semble sans doute exagéré, il est certain que cette obstination idéologique - qui fut d'abord celle de la Banque Centrale et de son président Jean-Claude Trichet - aura coûté cher aux européens et aux grecs en particulier.

L'OCDE, une voix à écouter plus attentivement? Une chose est sûre, cette institution semble comprendre mieux que beaucoup de hauts responsables européens la crise et les défis de ce siècle. A suivre donc.

Pour retrouver le discours d'introduction d'Angel Gurria le 26 mars 2012 au Parlement européen: 20122603 Angel Gurria Speech_EP_ECON

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