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La lutte contre l'immigration a le vent en poupe, au détriment du projet européen

24/05/2011
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Bien au-delà de mes préoccupations habituelles, dont je vous fais part à la clôture de chaque session strasbourgeoise, je souhaiterais aujourd'hui attirer votre attention sur un point, pas des moins inquiétants: la problématique de l'immigration. Cette dernière est revenue récemment au devant de la scène à la suite d'une rencontre entre Sarkozy et Berlusconi, à Rome. A l'issue de cette rencontre, les deux hommes ont lancé un appel à Bruxelles pour rétablir, de manière temporaire, le contrôle aux frontières. Nous assistons actuellement à une véritable révolution démocratique en Afrique du Nord, non sans violence, qui pousse certains citoyens tunisiens, libyens et autres à quitter leur pays. De là, à parler de "vagues d'immigration" qui déferleraient sur l'Europe, il y a une certaine marge. Selon des estimations, nous serions en fait confrontés à une migration de population de l'ordre de 25 000 à 30 000 personnes. Rien d'alarmant en somme. En effet, à titre de comparaison, durant la guerre en ex-Yougoslavie, l'Europe a su gérer des flux migratoires de l'ordre de plusieurs centaines de milliers de personnes. Aujourd'hui, certaines forces politiques au pouvoir instrumentalisent l'arrivée de réfugiés en provenance d'Afrique du Nord pour attiser la peur partout en Europe. Au lieu de se réjouir donc de la révolution démocratique actuellement en cours, l'UE se replie sur elle-même et parle de boucler ses frontières. La réaction des Verts face à cette situation est de promouvoir une formule gagnante appliquée dans le passé: pour absorber les flux migratoires qui ont résulté de la guerre en ex-Yougoslavie, l'Europe avait crée le statut de "réfugié temporaire". Dans la pratique, cela signifiait un permis de résidence temporaire pour tous les ressortissants des républiques en guerre, pour toute la durée de cette dernière. Aujourd'hui, nous mettons sur la table quelque chose de similaire. Accueillir, au sein de tous les Etats Membres de l'UE, ces quelques dizaines de milliers de réfugiés, c'est pour nous la meilleure façon de contribuer concrètement à la transition démocratique de ces pays. N'ayons donc pas peur de cette situation, au contraire, car l'Europe a les moyens de contribuer à un projet démocratique au-delà de son territoire. L'appel de Sarkozy et de Berlusconi pour rétablir le contrôle aux frontières, et la réponse de Barroso à cet appel confirmant que c'était une "possibilité", mettent en péril l'essence même du projet européen, incarné par l'espace Shengen. Le message aujourd'hui doit être fort: la voie de la désintégration n'est pas une option, et ce, autant pour des raisons économiques - le dé-tricotage de l'espace Shengen remettrait en cause in fine le marché commun - que pour des raisons d'ordre politique - l'UE étant le seul espace au monde né de la volonté des Etats de mettre leur avenir en commun. Source de l'image: http://static.euronews.net/images_news/img_606X341_schengen-denmark-europa110511.jpg

Compte-rendu de la session du Parlement européen, 05/2011 from Ecolo.be on Vimeo.

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