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Orban suspendu du PPE: une grande non nouvelle...révélatrice

21/03/2019
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Le Parti Populaire Européen, dont les membres belges sont le CDH et le CD&V, a décidé hier soir de suspendre le parti au pouvoir du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, le Fidesz, ne lui permettant plus d'assister aux réunions du parti, d'y prendre des décisions ou de proposer ses membres à des postes au sein du parti. Deux leçons sont à tirer de cette décision qui semble honorer les Démocrates Chrétiens. Tout d'abord, pourquoi cette décision arrive-t-elle maintenant ? Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, V. Orbán n'a eu de cesse de mettre en péril les valeurs de fraternité, de démocratie et de séparation des pouvoirs: attaques contre les migrants avec notamment la construction d'une clôture barbelée de plusieurs centaines de kilomètres aux frontières serbe et croate, remplacement des juges par des proches du pouvoir, attaques antisémites contre George Soros, fermeture de l'université centrale européenne de Budapest ou bien encore la mise au pas des médias indépendants. La famille politique européenne d'Orbán réagissait de manière discrète et molle à de telles attaques contre la démocratie et le vivre ensemble. Et puis, il y eut la goutte d'eau – notez l'ironie - des posters se moquant de Jean-Claude Juncker affichés en Hongrie. Ces posters attaquant de surcroît la politique de la Commission européenne. Si je ne soutiens ni la méthode ni la diffamation à l'encontre du président de la Commission européenne, je ne peux que m'interroger sur l'échelle de valeurs qui sous-tend le PPE aujourd'hui. Si tirer sur les migrants, la justice, la presse, en bref adopter une véritable politique d'extrême droite était acceptable, c'est le fait de s'attaquer à un membre de la famille qui lui est véritablement reproché!

Cela me conduit à une deuxième réflexion : si le parti d'Orbán est maintenant suspendu du PPE - suspendu seulement et non exclu - cela n'empêche pas pour autant pas les idées d'extrême-droite d'être devenues la matrice idéologique de la droite traditionnelle. Les exemples sont nombreux : le PPE fait gouvernement commun avec l'extrême droite en Autriche, liste commune en Italie (son éminent représentant Antonio Tajani allant jusqu'à louer les mérites de Mussolini http://bit.ly/2ulftk0) ou en adopte le programme comme en France où la tête de liste eux élections européennes Xavier Bellamy est vent debout contre une possible exclusion.

Ne nous y trompons pas, l'extrême-droite en Europe reste très puissante et nous devons la combattre sur le fond en démontant ses arguments simplistes et sa vision d'une société de l'exclusion, mais ce qui aujourd'hui me préoccupe le plus, c'est réellement la contamination par ces idées de la droite traditionnelle partout en Europe.

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