La hausse des profits des banques ne doit pas faire oublier le besoin de régulation
Les effets de la crise sont décidément à géométrie variable. Alors que les Etats européens s'apprêtent à imposer des plans de rigueur drastiques à leur population pour contenir l'explosion de leur dette publique, les banques affichent en revanche une santé financière qui frise l'insolence. La publication de leurs résultats pour l'année 2010 révèle en effet combien celles-ci ont renoué avec les bénéfices: BNP Paribas (7,843 milliards d'euros); Barclays (7,1 milliards d'euros); Société générale (3,9 milliards d'euros); ING (3,220 milliards d'euros), KBC (1,860 milliards d'euros), etc. La sortie de crise en fanfare des banques ne doit pas cependant faire oublier la nécessité d'un encadrement plus strict de leurs activités.
En l'absence d'un renforcement ambitieux du contrôle prudentiel, le rebond observé actuellement dans le secteur bancaire risque bien d'être de courte durée. Dans la plupart des cas, la très nette hausse des profits des banques provient en effet de la reprise de leurs activités de marché qui sont, par essence, plus risquées". Autrement dit, en renouant avec une logique de profit à très court terme, les banques européennes n'ont pas tiré les leçons de la déconvenue de 2008.
Elles continuent par ailleurs à dénoncer le caractère excessif des nouvelles exigences en matière de fonds propres (Bâle III), en pointant le fait que celles-ci conduiraient inévitablement à un renchérissement du coût du crédit et ce, au détriment du financement de l'économie réelle. Cette assertion est néanmoins réfutée par une étude récemment publiée par l'OCDE selon laquelle les règles de Bâle III n'impliqueraient qu'une baisse très modeste (entre 0,05 et 0,15% par an) de la croissance économique.
En outre, en renouant avec des profits exponentiels, les banques européennes ont démontré qu'elles disposaient des fonds propres suffisants pour faire face aux nouvelles contraintes réglementaires et s'assurer contre des pertes exceptionnelles.
Pour le groupe des Verts/ALE au Parlement européen, il est dès lors impératif de ne pas céder au lobby bancaire, en mettant en œuvre une réforme ambitieuse du cadre prudentiel européen.
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