Bruxelles, le 21 mai 2015
Le 26 mai prochain, les députés européens de la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON) voteront le projet de règlement relatif à la réforme structurelle du secteur bancaire. L’enjeu est crucial : il porte sur l’instauration d’une séparation des métiers bancaires, une mesure réclamée depuis la crise de 2008 par de nombreuses organisations de la société civile. Celle-ci obligerait les grandes banques à établir une cloison étanche entre leurs activités essentielles pour la collectivité (collecte de l'épargne et octroi de crédits) et leurs activités non essentielles (activités de marché). Les premières - logées dans une entité "banque de détail" - continueraient à bénéficier d'un soutien public en cas de faillite, tandis que les secondes - logées dans une entité "banque d'affaire" - en seraient dépourvues.
À l’approche de ce vote fondamental, j'ai tenu à m'exprimer:
« Peu de décideurs politiques auraient osé s'opposer à la séparation bancaire si cette mesure avait été proposée au lendemain de l’éclatement de la crise financière de 2008. À moins de chercher un suicide politique assuré. Mais le temps semble bien être l’ennemi de la régulation bancaire… Il est choquant de voir que la séparation bancaire ne constitue plus une priorité politique aujourd’hui, alors même que le risque systémique dans le système financier européen demeure extrêmement élevé. Notamment, parce qu’une poignée de géants bancaires, fortement endettés et dépendants de sources de financement instables, continue à dominer le secteur.
Les députés conservateurs et libéraux n’éprouvent aucune gêne à rejeter ouvertement l’opportunité d’une telle réforme. Quant au groupe socialiste, celui-ci est divisé sur cette question et adopte de ce fait une position extrêmement molle qui ne laisse en pratique aucune chance à l’établissement d’une quelconque forme de séparation bancaire. Pourtant, le seul espoir d’un basculement du rapport de force réside dans le camp socialiste. En ralliant les forces progressistes du Parlement qui promeuvent une réelle séparation bancaire (les Verts, la Gauche radicale ainsi que le Mouvement 5 étoiles), les socialistes pourraient déjouer la stratégie d’enlisement de la droite européenne. Nous les invitons donc à revoir leur position au plus vite et à voter en faveur d’un texte ambitieux. C’est dans l’intérêt de tous les contribuables européens ».
Mise à jour du 26 mai 2015: la Commission des affaires économiques et monétaire (ECON) a rejeté le rapport Hökmark sur les "mesures structurelles améliorant la résilience des établissements de crédit de l'UE". Le communiqué de presse des Verts/ALE peut être lu ici.