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Non à une Europe OGM à la carte!

15/01/2015
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Strasbourg, mardi 13 janvier 2015 Nouvelle procédure d'autorisation dans l'UE : Non à une Europe OGM à la carte !

Le groupe des Verts-ALE au Parlement européen a voté aujourd’hui contre le rapport de la libérale Frédérique Ries (MR) sur la nouvelle procédure d'autorisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l'UE. Cette nouvelle procédure ouvre la possibilité pour les États membres de négocier directement avec les multinatinationales du secteur, dans le cas où ils s’opposeraient à la culture d’OGM sur leur territoire. Avec ce rapport, l’UE jette l’éponge dans la lutte contre la toute-puissance de ces entreprises et la défense de l’intérêt général. Un signal particulièrement inquiétant à l’heure où l’opinion publique européenne est largement opposée à l’introduction des OGM en Europe mais aussi, de plus en plus, à l’UE elle-même.

En effet, au lieu de s’attaquer au fond du problème au niveau européen – en l’occurrence aux dysfonctionnements dans la procédure d’évaluation des risques liés aux OGM – la nouvelle procédure va en réalité faciliter l’introduction des OGM en Europe. En contrepartie, elle donne la possibilité aux États qui le souhaitent de refuser l’introduction d’OGM sur leur territoire, à condition qu’ils notifient cette volonté de rejet aux multinationales concernées. Une disposition qui pourrait à première vue séduire les États à majorité anti-OGM, qui y verraient enfin la possibilité de dire non. Mais ces avantages supposés du principe de subsidiarité ne sont en fait qu’un leurre : le rapport n’accorde aucune garantie juridique aux États « récalcitrants » dont le rejet d’un OGM particulier déplairait à l’entreprise responsable de sa mise sur le marché. Par ailleurs, il est illusoire de penser qu’un pays opposé aux OGM pourrait contrecarrer la contamination inévitable liée à leur culture dans les pays limitrophes. Le pollen ne s'arrête pas aux frontières!

En conclusion, le rapport adopté aujourd’hui relègue clairement au second plan les questions fondamentales – et toujours restées sans réponse – liées aux OGM et qui voudraient que l’UE applique le principe de précaution. Il marque également un net recul en termes d’intégration de nos politiques agricoles et alimentaires, en marche depuis les tout premiers pas de la construction européenne. Au lieu de le détricoter, il faudrait au contraire renforcer le système actuel, en élargissant l'évaluation de l'EFSA (l’Autorité européenne pour la sécurité alimentaire) des risques environnementaux et socio-économiques, et en étendant le champ des autres raisons pour lesquelles les États membres peuvent appliquer des moratoires.

La décision d'aujourd'hui colle bien à l'esprit du temps où l’exécutif européen se lie les mains au profit des intérêts privés. Le Groupe des Verts/ALE au Parlement européen continuera de mettre la Commission européenne face à ses responsabilités. Et le Président Juncker en particulier, lui qui avait annoncé à son entrée en fonction vouloir respecter l’opposition de l’opinion publique européenne face aux OGM.

Retrouvez également la Tribune de mon collègue José Bové dans Libération (14 janvier 2015): http://www.liberation.fr/societe/2015/01/14/ogm-jose-bove-denonce-la-vision-court-termiste-de-l-ue_1180144

Image à la une: www.europarl.europa.eu

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